Takeda-jo

Bonjour et me revoila! Oui je sais j'avais promis de nouveaux articles davantage sur mes recherches et sur le Japon, sa vie, ses habitants, mais je me suis retrouvé face à un dilemme terrible : dois je me dépêcher ou vous imposer ma partialité? En effet de nombreux sujets que je souhaiterais aborder me tiennent tout particulièrement à coeur parce qu'ils m'intéressent ou tout simplement parce qu'ils font l'objet de l'un de mes nombreux sujets de recherche. Et donc bien sûr j'ai mon point de vue, mes interprétations, mes propres opinions.

Du coup je laisse en suspens pour le moment quelques brouillons divers dans un dossier bien gardé dans un coin de mon ordi, je me laisse le temps d'y revenir, de relativiser, de varier mon point de vue pour atteindre le top de l'objectivisme (ça se dit?), ou plus simplement, de la neutralité. Car si oui, il ne fait aucun doute pour moi que les îles Senkaku font partie du territoire japonais et ce malgré les mille noms chinois que l'on veut, les faits, l'histoire et le droit sont là, bien que, soyons honnête, en ce moment, en Chine, les faits, l'histoire et le droit, on s'en tampone ce que vous voulez. Mais voila, je me vois possiblement taclé de Japonisme intransigeant, parce que si Pékin fait peur et bien chier dans la zone, faut bien dire que Tôkyô nous emmerde pas mal aussi avec ses provocations, ... Certes. D'où l'intérêt de ciseler davantage mes articles pour en rendre l'écriture aussi neutre que possible et objective, ce qui demande plus de temps, ne serait ce que pour faire des argumentations béton. J'essuierai alors mon lot de critique, être neutre c'est bien, mais on finit par ne plus rien penser et on devient une grosse lopette. A celui qui me dirais ça je répondrais que ce n'est ni un blog d'idée ni un blog politique et que si on veut de l'opinion tranchée je dis oui mais autour d'une bouteille une fois revenu dans l'hexagone.

Bref je vais maintenant arrêter de défendre mon drapeau blanc et tamponner avec un petit article sur une rando que j'ai faite il y a peu à Takeda, petit patelin aussi célèbre pour ses loutres invisibles que pour ses rues mortes, mais surtout pour ses ruines d'un ancien château posées sur une butte. Tout ceci se situe au Nord d'Himeji dans le département de Hyogo.

Cette folle aventure a commencé il y a deux semaines, après un voyage à Awaji Shima (île entre Osaka et Shikoku - Shikoku étant considérée comme la 3e et plus petite des quatre îles principales du Japon), nous faisions un petit Nabe (voir article sur le Sukiyaki) avec quelques amis et quelques canettes lorsque Léon, notre cher Berlinois, nous annonce "Ya un truc top à Himeji, c'est à trois heures d'ici, quand on a le brouillard du matin c'est splendide! Du coup faudrait décoller vers 4h30". Il était déjà environ 23h. Fort enthousiasmé par les photos trouvées sur google image, je me dis que oui, ça fera mal, mais bordel c'est beau. Je casse l'histoire direct, les brumes en question, on les attend encore.

Mais nous sommes tout de même partis pour Takeda, avec une nuit de sommeil entre 1h et 3h30, un réveil encore sous les effets de l'alcool, et même bien franchement, je pars n'étant même pas sûr que mes compagnons seront au rendez vous, je les rejoins 6 stations de train plus loin. Si deux se sont fait avoir par les effets de divins breuvage, Léon, lui, était présent. On a donc embarqué sur des petites lignes de train rappelant la France des années trente avant d'arriver à Takeda, et là, l'aventure commence.

Voici le Takeda-Jo. Takeda c'est le nom du patelin, textuellement Champs de bambou, et jo signifie château, tout simplement. Sur cette maquette on voit la base de pierre, caractéristique de tous les châteaux japonais, et les bâtiments en bois. Ces derniers n'ont pas tenu le temps, seules les ruines en dur subsistent.

Il fut construit pendant le 15e siècle, à la frontière entre deux clans, à une époque où le Japon était divisé entre familles militaires et où ça saignait dur. Un peu plus d'un siècle plus tard, le propriétaire du château s'est battu au côté des Tokugawa durant la prise du pouvoir par cette famille et l'unification du Japon (tel qu'on le connait j'entends, avec la partie Nord de Honshû, l'île principale). Il y avait déjà eu un gouvernement central avant les Tokugawa, mais sur une portion de territoire bien plus réduite, beaucoup de terres appartenant alors à de petites nations autonomes.

Notre seigneur local a été accusé d'être un pleutre, il s'est tué. Le château a été laissé à l'abandon, n'étant plus nécessaire durant les deux siècles de paix Tokugawa. Etant en bois, il n'a pas tenu longtemps.

Voici donc Takeda, dont la vie folle qui l'anime conduirait à vérifier sur les registres que des gens habitent encore ici.

Les bambous les bambous!

Le genre de petits trains qui parcourent encore le Japon, passant par des villes mortes, des vallées désertes, sur une seule voie. Ca change de l'effervescance d'Osaka en tout cas!

Pardonnez moi de la qualité tout à fait médiocre des photos qui vont suivre, il y a deux raisons à cela : tout d'abord, je ne suis pas un bon photographe. MAIS, à ma décharge, les spots pour faire les plus belles photos étaient interdits d'accès, à cause de la neige je pense. Si vous voulez de très jolies photos de l'ensemble, n'hésitez pas à faire un tour sur google image. Vous aurez aussi ces foutues brumes matinales que nous avons perdues à cause de ce soleil!

Petit lichens. J'aurais rêvé d'avoir un appareil pour faire un "gros maxi focus de la mort qui tue grave".

ET c'est peut être con, mais je trouve particulièrement classe la manière dont ces feuilles mortes sont tombées sur la mousse, avec les jeunes pousses autour. A se demander si ce n'était pas fait exprès.

Nous avons ensuite parcouru l'autre versant de la vallée d'où l'on peut avoir une vue sur le château.

Petit mot sur les japonais en rando. Du moins, ceux que j'ai vu !

Les Japonais donc, aiment aller faire un tour en nature, retrouver la montagne, les forêts, l'essentiel. Cela se comprend. Rappelons que le pays est à 70% de la montagne et que au total seul 14% du territoire est habitable, ce qui vous laisse une idée de la préservation du naturel. En effet si les Japonais ont construit des villes immenses et sans fin, avec des immeubles et des buildings de partout, c'est qu'il a bien fallu loger 120 millions de personnes sur 14% d'un territoire deux foix plus petit que l'hexagone, soit, j'aide votre calcul mental, 7% de notre chère métropole. Je ne suis pas expert mais ça doit fait en gros la Bretagne. Et le reste? Ba ya rien, tout simplement parce qu'on ne peut rien y construire. Du coup le Japon est loin d'être un îlot de béton, ça non. Donc les japonais vont pas mal en rando.

Par contre, le japonais moyen il est pas archi courageux, il aime bien randonner, mais sans transpirer, puis, si on peut juste avoir la vue, c'est déjà pas mal. C'est donc très marrant de voir autant de monde aller presque jusqu'au bout en voiture pour finir avec un air très sérieux, batons de marche et tout et tout, ceci avec un amateurisme qui crève les yeux. Je voudrais pas les avoir devant moi en moyenne montagne.

Mais du coup pour donner un côté excitant à l'ensemble sont constitués des parcours assez fun. Ainsi le "grand parcours", annoncé en une heure, que vous ferez en 30 minutes malgré la neige et la glace, vous rencontrerez la fôret de l'amour, qui est une forêt, une cascade que j'appellerais cours d'eau sur un rocher et le lac qui est un étang retenu par un barrage et son petit pont pitoresque qui est... euuuu... un petit pont.

Bon après, il faut bien que je l'avoue, je n'ai pas encore bien pratiqué la grande rando japonaise, tout simplement parce que c'est assez loin et compliqué. Il me semble cependant qu'on a souvent besoin de requalificatif et ce qu'ils appellent randonnée serait plutôt promenade la plupart du temps, avec bien sûr de vrai trucs bien corrects que j'essaierai de découvrir au printemps.

PS : Comme je l'avais dit pour les passe-temps, les Japonais qui se disent pratiquant de randonnée, par contre, sont de véritables dingues de montagne (!)

Un arbre arrosé par la fameuse grande cascade. C'était juste super classe!!! Je commençais à manquer de lumière par contre car le beau soleil du matin faisait place à de fines chutes de neige.

La cascade. Youhou! Hauteur : 30 centimètres! Mais pour être honnête, le ridicule qu'elle doit avoir en été est compensé en hivers par les nombreuses formes de glaces qui sont gelées autours (dans les arbres, sur la mousse), par ses éclaboussure qui donnent un bon cachet à l'ensemble.

Un gant pendu là qui me donnait l'impression d'avoir la forme d'une marionnette (peut être parce que j'avais vu juste la veille un spectacle de marionnettes traditionelles japonaises).

Une distilerie de saké ! Petit point ici, ce que nous appelons sake, alcool de riz oscillant entre 18 et 28 degré, s'appelle ici nihonshu. En effet, en japonais sake signifie tout simplement... alcool! Encore un point pour certains manches de la traduction. Nihonshu quand à lui signifie alcool du Japon.