Kamakura

Dans les débuts de notre voyage à Tokyo, nous sommes allés à Kamakura. Cette ville a été capitale du Japon de 1192 à ... je dirais ... 1300 mais grosse louche (1333 après vérification). C'est l'une des clefs du développement du Japon car c'est le début du Bakufu, gouvernement de la tente, ou gouvernement des guerriers, qui a vu l'empereur perdre son pouvoir séculier (qu'il avait à peu près jusqu'en 1192) pour ne devenir plus qu'un symbole religieux et d'union de la Nation jusqu'en 1868 et la restauration Meiji où ce petit coquinou reprendra une partie de son pouvoir.

Kamakura était la résidence des Minamoto, devenus Shôgun (littéralement général, chef des armées, généralissime) après avoir vaincu les Taira à la fin de l'époque Heyan (juste avant). Sous l'autorité de Kamakura donc, le Japon s'est vu dirigé par les militaires et a basculé dans une sorte de régime féodal.

Première visite, le Engakuji. Il s'agit d'un temple bouddhique. Il est assez surprenant de par sa sobriété qui ne caractérise que rarement ce genre de lieux (contrairement aux sanctuaires shintô). Il est jusqu'à maintenant le plus beau lieu ancien que j'ai visité au Japon, non pas parce qu'il est extra-ordinaire en lui même, mais parce qu'il dégage une ambiance incroyable.

Notons que la plupart des bâtiments anciens que je vous montre sont assemblés sans clous et sans métal, uniquement des encastrements de bois avec cheville.

On dirait que cet escalier est tout simplement naturel... C'est quelque chose que j'aime de plus en plus dans les anciens bâtiments japonais et surtout leurs jardins. L'élément naturel n'est pas systèmatiquement repoussé. Il y a de la mousse sur l'escalier? et alors? Si on peut l'emprunter. C'est en partie ce qui donne une sensation de paix et d'harmonie et surtout l'impression que l'ensemble est vraiment intégré à son élément naturel environnant.

De toute manière je savais déjà avant de venir que je déteste les palais à la Versailles où tout doit être brossé, resplendissant, les arbres taillés de façon non naturelle (et moche), ... Grrr

Cette marre était encore gelée. Il faisait bien plus froid à Kamakura qu'à Tôkyô.

Dans le petit bâtiment au fond, en théorie, il y a une dent de Bouddha. Je dois avouer que je ne suis pas allé checker.

Je veux ce parterre de mousse!

Mousse gelée.

Là on est passé dans un autre temple, le Tôkei-ji. Il n'avait rien d'extraordinaire, sinon son histoire. Elle est ancienne et se perd dans de nombreux méandres, mais ce dont on est sûr c'est que ce temple, construit autour de la période Kamakura (1192-1333 donc) avait pour particularité d'accueillir les femmes cherchant à divorcer ( ce qui n'était autorisé qu'aux hommes à l'époque). Après trois ans de service au Tôkei-ji, leur demande était accordée.

La loi du temple fut abolie durant la restauration Meiji, en 1871, mais bon, relaxons, les femmes ont eu le droit de demander légalement le divorce en 1873.

Pour info, sur les dernières photos, on est dans un cimetière attenant au temple. Au fond vous pouvez voir des tombes dans le style bouddhique. La pierre tombale est d'environ un mètre carré. Une stèle dressée porte le nom de la personne.

Nous voila partis sur un chemin un peu hasardeux mais qui nous apportera de bonnes surprises.

Le Mont Fuji!

Petite correction d'ailleurs. Souvent en France, on dit Mont Fuji Yama. Erreur. Cela vient d'une bande de traducteurs bons comme leurs pieds. En effet, voici l'écriture de la bête : 富士山。Cela se lit Fuji San. En effet le kanji 山 se lit Yama si l'on parle d'une montagne en général, mais se lit San lorsqu'il accompagne le nom d'une montagne et se traduit alors "Mont", comme dans "Mont Blanc".

Du coup il ne faut pas dire Mont Fuji Yama (qui veut dire Mont Fuji Montagne), ni Mont Fuji San (Mont Mont Fuji, erreur que l'on fait aussi lorsque l'on dit Lac Loch Ness, lac lac Ness), mais bien seulement Mont Fuji ou Fuji San.

Voici le plus important monument de Kamakura, le plus grand bouddha en bronze en extérieur au monde.

Et voici l'intérieur. Sur la photo d'en dessous vous avez les explications sur l'assemblage du bronze.

Spécialité du coin, les bébés anguilles!

Maintenant on est à Enoshima, une île pas très loin et fort sympathique!

Ce dragon se la joue authentique, mais il a un détecteur de mouvement pour savoir quand cracher de l'eau. Ce sanctuaire était assez moderne (vous noterez la peinture rouge encore bien fraiche sur les bâtiments).

Ah! Le coquinou pointe enfin le bout de son nez! Malheureusement il y avait pas mal de nuages et je ne bénéficiais pas d'une bonne lumière (qui vu d'ici serait plutôt le matin). Jusqu'à la fin de journée il sera quasiment toujours en contre-jour.

Changement radical de décors, nous somme à Yokohama, dans le quartier de Chinatown, 中華街 en japonais, se qui se lit Chûkamachi.

Yokohama est au Sud Ouest de la baie de Tôkyô. Ce port a été fondé à la fin de l'ère Tokugawa (autour de 1860) pour éviter que les bateaux étrangers n'accostent dans le port de Tôkyô, si près du palais shogunal.

Yokohama est donc devenu une grand métropole commerciale. Elle est la deuxième ville du Japon (derrière Tôkyô, devant Osaka) mais est souvent englobée avec la première (pour constituer la giga-mégalopole de Tôkyô, avec toute la baie de Tôkyô).

Un dernier petit commentaire et je laisserai le lecteur apprécier. Je veux pas qu'on pense que je fais du tout Japon et la Chine pouaa ba ba bien ils sont nuls et tatata, mais, j'ai beau apprécier le style général, je préfère mille fois l'épure japonaise. C'est un reproche que je fais aux monuments anciens chinois et coréens, c'est beau, mais mille fois trop chargés. M'enfin l'ambiance était pas mal. On est là dans un temple bouddhique.

Oups j'avais promis un dernier commentaire en haut... perdu! Cette tête de panda est un magasin dédié aux... Panda!